Pour le « symbole international de la culture », c’est à Paris que Google a choisi de présenter, hier, la nouvelle version de son impressionnant « Art Project ». Le logo du groupe a même été redessiné en bleu-blanc-rouge et affublé d’une Tour Eiffel en guise de « L » pour l’occasion...

Enrichi et relifté, le projet fait la part belle à la culture hexagonale : il compte aujourd’hui 6 musées français parmi ses 151 partenaires, alors que seul le château de Versailles participait au début de l’aventure, en février 2011.

L’ouverture du site googleartproject.com avait alors fait grand bruit, en offrant à tous les internautes de la Terre une visite virtuelle de quelques musées parmi les plus prestigieux, du MoMA de New York à la National Gallery de Londres en passant par le musée Reina Sofia de Madrid et la Galerie des Offices à Florence. « Un an après le lancement de la première version, Art Project passe aujourd’hui à une toute autre échelle », explique fièrement Google. Ce sont 46 musées que l’on peut visiter en ligne contre seulement 17 l’an dernier, et plus 32 470 œuvres d’art à admirer en haute définition, soit trente fois plus que dans la première version du site. Le catalogue s’est également diversifié : outre de classiques peintures, le grand musée de Google compte désormais des sculptures, des photographies et de l’art urbain, comme ces graffitis des frères Os Gêmeos, maîtres du street art à São Paulo.

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Le musée d’Orsay sur le Google Art Project

On flâne sur les parquets cirés des musées comme on a pris l’habitude de le faire dans les rues numérisées de Google Street View : flèche avant, flèche arrière, double-clic pour se téléporter plus loin dans la salle, drag-and-drop pour faire défiler à 360° les murs constellés de tableaux... et même les plafonds et les sols, les escaliers et les baies vitrées, qui font partie intégrante de l’expérience quand on pose les pieds, ou plutôt la souris, dans un environnement aussi somptueux que celui du musée d’Orsay. C’est d’ailleurs lui qui accueillait hier l’événement Google, pour fêter sa participation. Le musée de l’Orangerie, le Domaine de Fontainebleau, le Domaine de Chantilly et le musée du quai Branly ont également fait leur entrée dans le Google Art Project. Tous les cinq ont accepté de laisser circuler dans leurs couloirs les « trolleys » de Google, petits chariots roulants équipés d’un appareil photo aux multiples objectifs, comme ceux qui ornent le toit des Google cars, pour tout enregistrer à hauteur d’homme.

Remarqué par son absence, le Louvre a expliqué n’avoir aucune position de principe contre le Google Art Project, mais avoir « choisi en priorité cette année d’enrichir [leur] propre site internet ».

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Photo Google

Comme l’an dernier, Google ne manque pas de vanter son « engagement à rendre la culture accessible au public le plus large ». Mais comme l’an dernier, les œuvres numérisées restent verrouillées par des mesures techniques et des dispositions juridiques qui interdisent à l’internaute de les télécharger ou de les diffuser, même lorsqu’elles appartiennent au domaine public. Impossible pour un professeur, par exemple, de récupérer pour l’utiliser en cours le fichier de la Tour de Babel, l’un des 46 tableaux photographiés en ultra haute résolution (7 milliards de pixels) pour que l’on puisse en admirer chaque trait de pinceau dans ses moindres détails.

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La Tour de Babel de Bruegel- détail

Pour voir les chefs d’œuvres, il faut obligatoirement passer par googleartproject.com. Pour les partager, on se contentera de poster un lien sur son profil Google+ ou Facebook.

Heureusement, certains internautes ayant une autre idée de la diffusion de la culture ont mis les mains dans le cambouis pour récupérer une par une les images du Google Art Project et les remettre en ligne sur Wikimedia Commons, la bibliothèque d’images libres qui alimente notamment Wikipédia. 957 tableaux y ont déjà été transférés.

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